On a eu la chance de rencontrer un couple qui venait de vivre l’expérience de partir vivre en mode Robinson sur le motu Rani quelques jours avant que l’on y aille et on a donc eu quelques infos utiles pour passer au mieux ce séjour…
Ils étaient dithyrambiques et leur seul reproche a été le peu de ravitaillement apporté par le bateau tous les jours qu’il vaut mieux compléter avec ce que l’on trouve sur place: le poisson, les bénitiers qui foisonnent et la coco!
Eléonore refusant de nous donner un fusil (pour des raisons de sécurité), nous sommes donc partis à la recherche d’un local acceptant de nous prêter le sien pour les 3 jours. On est donc allés sur le motu avec un « fusil de compétition » presque plus grand que nous!

C’est le gendre d’Eléonore qui nous a emmenés avec son bateau et on a embarqué sur la plage juste devant la pension. Pas de surprise quant au trajet d’environ 1h ni à l’arrivée sur le motu parce qu’on y était déjà allés pour le pique-nique pendant l’excursion sur le motu piscine.

 

 

Arrivés sur le motu, on s’installe… La cabane est grande, il y a une foultitude de matelas sur la mezzanine et un lit de 2 places. Dennys nous a déjà informés qu’on peut sortir un matelas et dormir sur la plage comme eux le font avec sa femme quand ils y vont… Quelques dernières recommandations sur l’utilisation de la gazinière, du four, des toilettes qu’il faut vider avec un seau d’eau de mer, de la douche (une grande bassine alimentée par une citerne avec une écope pour s’arroser…), la pêche des bénitiers (un peu technique et on n’a trouvé aucune info sur internet!) et nous voilà tout seuls avec une glacière contenant le repas pour le soir et de quoi se faire le petit déj du lendemain !!!

 

 

 On a à peine le temps d’apprécier notre solitude qu’un bateau dépose un couple avec un enfant sur le campement d’à côté, celui de la pension Ataha. Ils font l’excursion motu piscine et viennent pique-niquer sur le motu comme c’est prévu dans le programme. Il faut donc se renseigner avant pour savoir si une excursion est prévu ou non le temps de votre séjour car si certains touristes sont « supportables », certains le sont moins comme dans notre cas où l’enfant, qui devait avoir dans les 2 ans, a hurlé non stop pendant toute leur pause repas !!! Côté solitude, calme et « zennerie », on a fait mieux !!!

On en profite donc pour partir en reconnaissance du terrain, moi l’île et mon compagnon les lagons autour en kayak (il y en a 3 à disposition).

Pour faire le tour de l’île, il vaut mieux avoir de bonnes chaussures car toute une moitié (celle près de la passe) est couverte de récifs coupants! Quand on revient, bredouilles tous les 2 (que des cocotiers sur l’île et que des poissons magnifiques mais trop petits dans le lagon!), la famille bruyante est repartie, ouf…

 

La pêche aux bénitiers

Pour améliorer notre dîner, on part à la pêche aux bénitiers. Puisqu’on n’a trouvé nulle part, le BA-BA de cette pêche, je vais vous l’expliquer:

– d’abord prendre tout le matériel nécessaire: le long tournevis prévu à cet effet qui se trouve dans la cuisine, un seau pour transporter les bébêtes, votre masque et tuba et des gants pour se protéger les mimines.

– aller dans le lagon plutôt vers le récif pour trouver les bénitiers. On en voit partout partout car ils pullulent dans le lagon de Raivavae.

– repérer ceux qui font environ 20-25 cms de long (plus petits, il n’y a rien à manger et plus gros, la chair est tellement ferme qu’ils faut les faire cuire quelques heures…). Il y en a de toutes les couleurs et j’avoue qu’on a fait du racisme de base en privilégiant les marrons qu’on trouvait moins jolis plutôt que les magnifiques bleus, violets ou verts qui ont pourtant le même goût !!!

 

 

– le bénitier est accroché au récif par un pied, un muscle, qu’il faut détruire en enfonçant le tournevis à travers (photo 1). S’il se ferme à votre approche, attendre qu’il s’entrouvre ou passez à un autre. Il faut ensuite remuer le tournevis de manière circulaire jusqu’à ce que le coquillage se décroche! Bizarrement, il y en a qui se décrochent très vite et d’autres qui résistent et qu’il faut travailler pendant quelques minutes et de façon plutôt énergique. Il vaut mieux donc s’attaquer à ceux qui sont dans peu de profondeur à moins d’être un champion d’apnée !!!

– on sort donc le bénitier de l’eau fermé et empalé sur le tournevis que l’on récupère en tirant fermement dessus.

– il en faut environ 4 par personne pour une entrée digne de ce nom.

– une fois revenus au campement, il faut les ouvrir en coupant les 2 ligaments élastiques qui retiennent les valves du coquillage fermé. Il faut donc retourner le bénitier et enfoncer un couteau dans l’ouverture du pied central (photo 2).
Glisser ce couteau le long des parois du coquillage et sitôt ces ligaments cisaillés, il va s’ouvrir en deux (photo 3).

– il faut ensuite détacher la chair de la coquille (photo 4).

– toutes les parties noires (les organes et le tube digestif de l’animal) sont à retirer avec un couteau bien effilé ou mieux une paire de ciseaux comme sur la photo 5.

– remettre la chair du coquillage nettoyée dans la coquille vide pour aller la rincer dans l’eau de mer (photo 6)

– la découper ensuite en morceaux. Une fois que tous les bénitiers que vous avez pêchés sont propres et découpés, les mettre dans un récipient creux et les recouvrir avec du jus de citron vert. Laisser mariner quelques minutes…(photo 7)

– pour déguster ces coquillages comme le font les locaux, rapez de la noix de coco avec l’outil adapté que vous trouverez aussi dans la cuisine (photo 8) et saupoudrez en le bénitier au moment de le manger (photo 9). Bon appétit !!!

 

La noix de coco

On trouve de nombreuses noix de coco sur le motu et on est bruyamment averti dès qu’il y en a une qui tombe de son arbre. Elles sont toutes comestibles et on peut les utiliser à tous les stades de maturation:

– quand elle est verte ou orange (selon la variété)et qu’en la secouant, on entend le liquide bouger, on les utilise pour son jus: l’eau de coco qui extrêmement désaltérante, pauvre en calories et pourtant et riche en vitamines et minéraux.
Pour récupérer ce jus, il faut décapiter la noix à l’aide d’une machette.
L’eau de coco est tellement proche de notre plasma sanguin qu’elle peut même être utilisée en solution hydratation en perfusion s’il n’y a pas de sérum physiologique disponible !!!
On peut également s’en servir en eau démaquillante, en après shampoing ou en lotion après-soleil!!!
A ne pas confondre avec le lait de coco qui est lui obtenu après le pressage de la noix de coco râpée…

– quand elle est marron et qu’il n’y a plus de bruit quand on la secoue, on va donc utiliser sa chair. Les polynésiens la mangent surtout râpée, mélangée à leurs plats et très peu telle quelle comme on peut nous le faire. Quand ils la mangent nature, c’est grillée, principalement à l’apéritif. Après avoir mangé des « tonnes » de coco nature, c’est sur ce motu que j’ai découvert la coco grillée et c’est fameux !!! Elle prend alors un petit goût de noisette très très agréable….
Pour l’ouvrir, il faut d’abord « déshabiller » la coco de son enveloppe brune. Tout objet pointu fera l’affaire mais en général, on trouve toujours un pieu bien aiguisé spécialement dédié près d’un tas de restes de coco… Planter ensuite la coco sur ce pieu et la tourner pour décrocher l’écorce. Pas d’inquiétude, c’est juste un coup de main à prendre…
Positionner ensuite la noix poilue dans sa main de façon à ce que les 3 trous représentent 2 yeux et une bouche. Repérer une ligne imaginaire qui partirait du « front » et taper d’un coup sec dessus avec le dos de la machette. Ce point de rupture est si fragile que si on le trouve, on peut ouvrir la noix du premier coup !!! J’ai même vu des polynésiens les ouvrir avec le dos de la main !!!
Il ne reste plus qu’à sortir la chair de la coque. Plus elle est mûre, mieux elle se détachera et on peut alors garder les demi-coques pour les utiliser en bols sinon il faudra peut-être recasser la noix et les morceaux de bois seront parfaits pour le barbecue!
Explications en images dans cet excellent article. 
Faire griller légèrement les morceaux de coco sans les laisser brûler…

 

 

 

On nous avait prévenus qu’il fallait manger avant le coucher du soleil et on comprend pourquoi très vite. A peine le soleil couché et avant que la lune ne se lève, il y a 2 bonnes heures de nuit noire comme de l’encre où on ne voit même plus ses pieds !!! Il vaut mieux donc prévoir les lampes. Il y en a plusieurs dans la cabane, solaires, à piles mais elles fonctionnent plus ou moins… On avait pris des lampes frontales et c’est l’idéal pour pouvoir garder les mains libres.
Si on a la possibilité d’y aller pendant la pleine lune, c’est l’idéal parce que quand la lune se lève, on y voit presque comme en plein jour… mais malheureusement, on y était en lune descendante… A l’inverse, plus la nuit est noire, plus on se régale avec le spectacle incroyable de la multitude d’étoiles dans le ciel…

 

Beaucoup de visites sur le camp la nuit: des Bernard-l’Ermite énormes (grands comme une main) et des rats de cocotiers qui finiront volontiers les restes de votre repas. On espérait voir des crabes de cocotier sans succès !!!

 

La nuit est calme, reposante pourtant le matelas n’est pas de première jeunesse…

 

Le lendemain matin, on profite de la marée basse pour retourner au motu piscine. On sait d’avance que ce lieu magnifique, sans personne, avec la lumière matinale va être encore plus spectaculaire.
Il est plutôt facile d’y aller en passant à pieds sur les bancs de sable. Il n’y a qu’un endroit où on doit nager parce que l’eau est trop profonde, heureusement on a anticipé en prenant un sac étanche mais ça ne dure pas longtemps et on aurait pu le mettre sur la tête…

 

Evidemment, le motu piscine est désert et on se régale à photographier ces bancs de sable vierges de toute trace…On nage avec bonheur dans cette « piscine » bleu azur et une fois de plus, on aura beaucoup de mal à quitter ce lieu enchanteur…

 

 

De retour au camp sur notre motu, on reprend nos activités désormais quotidiennes: pêche aux bénitiers, préparation de cocos, vaisselle avec du sable (très efficace), balade en kayak… En début d’après-midi, le bateau arrive avec notre ravitaillement du jour et on ne le reverra que le lendemain en début de soirée pour ramener à la pension sur l’île principale…

 

On s’est, un moment, posé la question de rester un jour ou 2 de plus mais l’arrivée d’un client de la pension Ataha désirant vivre en Robinson également sur le campement d’à côté et le fait que nous n’avions plus de batterie sur les liseuses et l’appareil photo nous ont décidé à rentrer le 3ème jour…

 

 

En conclusion, ne passez pas à côté de cette expérience unique si vous en avez la possibilité. Ce séjour n’est possible que si vous restez au moins 4 jours à la pension RAIVAVAE TAMA ou si vous réservez directement avec la pension ATAHA…

 

 

 

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